Info inutile: "Echappées Belles" c'est bien, mais c'est drôlement frustrant. Maintenant, je veux voyager...
Un jour les femmes de Muhammad sont allées au puit. Sur le chemin, elles se sont faites accoster par des hommes qui les ont prises pour des prostituées. De retour chez elles, elles s'en sont plaintes à leur mari. Le Prophète leur a alors dit de se couvrir la tête, alors tout le monde saurait qu'elles n'étaient pas des femmes de mauvaise vie.
Voilà pour l'origine du hijab, marqueur social avant d'être un marqueur religieux.
Traduction de Jacques Berque :
59. Prophète, Dis à tes épouses, à tes filles, aux femmes des croyants de revêtir leur mantes : sûr moyen d'être reconnues (pour des dames) et d'échapper à toute offense
- Dieu est Tout indulgence, Miséricordieux.
Jacques Berque ajoute cette note : Le port du voile distingue la femme libre (hurra), des femmes de condition inférieure. Plusieurs façons de porter le voile sont indiquées par Tabarî, t. XXII, p. 33, l. 7 sq. On a suivi pour yudnina l'interprétation minimale de Tâhir b. `Ashûr, "revêtent", qui se fonde sur un emploi de Bashshâr. Selon une autre interprétation, plus restrictive, et que pourrait autoriser le min, il faudrait comprendre : "Elles tiennent serré sur elles un pan de leur manrte" ce qui semble à Ibn Khatir et à ses successeurs rigoristes imposer que soit couvert le visage. Linguistiquement, julbâb, "mante, cape", se distingue de khimâr, XXIV, 31, "fichu couvrant la tête".
31. Dis aux croyantes de baisser les yeux et de contenir leur sexe ; de ne pas faire montre de leurs agréments, sauf ce qui en émerge, de rabattre leur fichu sur les échancrures de leurs vêtements. Elles ne laisseront voir leurs agréments qu'à leur mari, à leurs enfants, à leurs pères, beaux-pères, fils, beaux-fils, neveux de frères et de soeurs, aux femmes (de leur communauté), à leurs captives, à leurs dépendants hommes incapables de l'acte, ou garçons encore ignorant de l'intimité des femmes. Qu'elles ne piaffent pas pour révéler ce qu'elles cachent de leurs agréments.
Jacques Berque ajoute cette note : "Leurs agréments" : le mot est à entendre non seulement des parures mais des appas corporels. On a renoncé à traduire une suite de 25 pronoms au féminin pluriel. A qui note dans le Coran le caractère personnaliste de ce pronom affixe, la répétition s'avère significative. Le législateur parait ici soucieux de ménager à la femme ce qui fait partie de sa personnalité, en évitant seulement l'exhibition provocante. Si cela est vrai, on est loin des interprétations extensives de la coutume juridique.
Pour ma part, ce que je comprends dans le Coran (oui, oui j'ai commencé à le lire) c'est surtout que la femme doit préserver sa pudeur et ne pas être provocante. Mais il n'est nullement dit qu'elle doit se cacher aux yeux du monde.
Avant de continuer sur le port du voile intégral en France, il convient de préciser quelques petites choses.
Les médias ont souvent employés le terme de "burqa". Or, en France, on ne trouve pas de burqa. La burqa est un vêtement d'origine pachtoune, en Afghanistan. Elle existait avant l'arrivée des Talibans dans ce pays, mais ils l'ont très vite imposé. Non, ce que l'on peut voir en France, ce sont des femmes portant le niqab. Lui, il vient de la péninsule arabique, tradition pré-islamique aussi et récupéré par les Salafistes (un courant très, très rigoriste de l'Islam).
Donc, mardi 13 juillet, les députés ont voté l'interdiction du port du voile intégral en France. Les femmes le portant risquent une amende de 150 euros et/ou un stage de citoyenneté. Je LOL. Quelle crédibilité a la République pour expliquer à ces femmes qu'elles ne doivent pas porter ce vêtement, qu'elles sont soumises à leur mari...? Ce travail pédagogique, c'est aux autorités musulmanes de le faire, pas à l'Etat.
Et puis, ça risque de bien fonctionner cette loi, on verra certainement moins de niqabs dans les rues. Bah oui, les femmes à qui on l'impose seront cloîtrées chez elles, le niqab étant (paradoxalement) un élément de liberté, aussi minime soit-elle. D'autant que ces femmes ne se retrouvent pas seulement face à la pression de leur mari, mais de leur famille, voire de la communauté entière. En effet, elles sont considérées comme les plus pures, des saintes qui connaissent parfaitement la religion.
Ou bien, il peut aussi se passer l'effet inverse. Des femmes ayant choisies librement de porter le niqab et qui l'arboreront comme un symbole de provocation. Parmi elles, beaucoup de converties qui n'ont pas croisé les bonnes personnes sur leur chemin jusqu'à l'Islam.
Cette loi n'apportera rien de bon. Elle sert à stigmatiser une majorité en prenant pour exemple une minorité, qui pouvait déjà être sanctionnée par le juridique.
L'argument selon lequel les politiques veulent libérer ces femmes ne me paraît pas tenir debout. Est-ce qu'on vit réellement dans une société qui respecte ses femmes? J'aurais tendance à dire non. L'égalité homme/femme n'existe pas, le corps de la femme est exhibé sans arrêt (pas celui des hommes...), chaque jour des centaines de femmes subissent les coups de leur compagnon...Ces problèmes me paraissent plus importants à traiter, car concernant un nombre beaucoup plus significatif de femmes.
Pour aller plus loin:
Sous mon niqab, Zeina
Paris sous le niqab
+ Google of course